27/03/1915 – Lettre de Camille à Denis

Avec cette carte, Camille nous apprend qu’un galon ne peut être donné à un soldat quand il est dans un dépôt. Il doit être au front ou sur le départ. Un départ qui a été encore retardé, cette fois-ci par une épidémie d’oreillons.
Portrait de Camille Pontarlier
Mon cher oncle,
Je suis toujours à Pontarlier, car une épidémie d’oreillons est venue retarder notre départ. Toute permission a été refusée, même aux soldats habitant les environs. Nous n’allons cependant pas tarder à partir maintenant, car il faut que le camp des Pareuses, où nous sommes, soit disponible pour le 1er avril afin de permettre l’installation de la classe 1916. Notre instruction est toujours très poussée. J’ai attrapé une plaie infectée au pouce droit qui m’a arrêté pendant quelques jours. Elle va beaucoup mieux maintenant et j’ai repris mon service.Carte postale Pontarlier
Je suis aujourd’hui instructeur des ajournés et réformés pris au dernier conseil de révision. Chaque élève-caporal fait son jour d’instructeur.
Quant aux galons, nous les aurons avant de partir au feu ou sur le front, car aucun élève de la classe 15 n’aura ses galons dans un dépôt, à moins qu’il ne soit possesseur du brevet d’aptitude militaire.
J’espère que vous vous portez bien. Je suis en bonne santé. Je vous embrasse affectueusement. Votre neveu, Camille Zaleski.
Donnez-moi, je vous prie, dans votre prochaine lettre des nouvelles de Maxime et de Charles. Je leur ai écrit il y 15 jours environ, mais je n’ai encore aucune nouvelle. Merci pour votre mandat.

27/12/1914 – Lettre de Maxime à Camille

J’ai retrouvé cette lettre de Maxime qui s’était glissée dans une autre. Quelle dommage de l’avoir manquée, elle était remarquable : un grand frère qui conseille son cadet dans l’attitude qu’il doit avoir, dans l’exemple qu’il doit montrer. Je ne peux pas la laisser sous silence… même si elle intervient en retardataire, elle a le mérite de nous faire revivre Maxime le temps d’une lettre chaleureuse et bienveillante.
Laval,
Mon brave Kinkin, bleu troubade (fantassin en argot) aux vêtements mal fichus, comment se sont passées tes premières heures à la caserne ? Te fais-tu déjà à ta nouvelle vie ? Es-tu plein d’ardeur ? Vois-tu auprès de toi quelques braves cœurs de qui tu deviendras vite l’ami ? Ouvre tout grands tes yeux, regarde, écoute aussi. Et tu seras bientôt distingué par tes chefs. Entraîne tes copains trop mous et fais-leur croire que la France aura à coup sûr besoin d’eux dans deux mois. Sois élève-cabo, c’est un premier pas, marche vaillamment. Que la discipline ne t’effraie pas, on s’y fait vite. Veille à ta santé, à tes pieds, à ta poitrine. Ainsi, tu deviendras en peu de temps un de nos meilleurs soldats.
Pour moi, j’avance, aspirant maintenant ; salue et en arrondissant proprement le coude ! Je commande une section de 60 poilus, la 4e justement et à la 27e Compagnie de dépôt (coïncidence !) du 124e (l’analogie s’arrête là !). J’ai un bel uniforme de s/lieutenant. Je vais faire mon possible pour aller faire bientôt un tour à Paris d’abord (une fois encore), et puis dans les tranchées. Accolade de guerrier. Maxime.