Émilia est désolée d’apprendre que Camille ne peut pas profiter d’une permission avant de partir au front. Elle avait un permis pour lui, mais qu’est-ce donc que ce permis… ? Un permis pour voyager gratuitement, je pense, le père de Camille ayant travaillé à la compagnie des chemins de fer. D’ailleurs, une association de la compagnie ferroviaire a pour mission d’aider les orphelins de cheminots décédés jusqu’à leur majorité. Les enfants mineurs, au moment du décès de leur père Marian, en 1907, ont ainsi bénéficié de cette aide.
La Rochelle,
Mon cher Camille,
J’ai appris par Cousine que tu n’avais pas quitté Pontarlier. C’est une dame de ses amies qui le lui a dit. Ta santé est très bonne, paraît-il. Écris-moi pour me dire si tu as reçu ton argent. Envoie-moi également un mot lorsque tu seras fixé pour ton départ. C’est dommage que tu n’aies pas eu de permission. J’avais un permis pour toi. Je l’avais envoyé à Tonton, car tu serais passé par Paris.
Henri, le petit « Pinpin », a fait beaucoup de progrès. Il marche seul très solidement et commence à parler. Dédé pense toujours à Tonton et tous nous nous réunissons pour t’embrasser affectueusement. Ta sœur Émilia.