Camille se justifie de ce long silence qu’on lui reproche. Il évoque un prochain départ pour le front et, si permission il y a, il ne manquera pas d’aller les visiter.
Pontarlier
Mon cher oncle,
Le lieutenant Berger, commandant la 27e Compagnie, m’a remis la carte-lettre que vous lui avez adressée en me priant, puisque j’allais mieux, de vous envoyer de mes nouvelles. D’autre part, je vous avais écrit et ma lettre était partie avant l’arrivée de la vôtre. J’ai donc attendu quelques jours pour vous envoyer de mes nouvelles. Je vous remercie pour la sollicitude que vous m’avez témoignée en envoyant cette lettre. Je vais maintenant tout à fait bien. Je vais partir bientôt au front. Il y a déjà eu un départ de volontaires dimanche dernier ; comme sur 49 élèves-caporaux il y avait 49 volontaires, nous avons tiré au sort. Celui-ci n’a pas voulu que je sois du nombre. Enfin, je crois que le prochain départ est pour samedi prochain. Nous irons à Besançon nous faire habiller puis sur Belfort, car nous devons nous préparer pour la campagne d’Alsace. Si nous avons quelques jours de permission, je vous préviendrai et tâcherai d’aller vous voir si possible. J’espère que vous êtes en bonne santé. Je vous embrasse affectueusement ainsi que ma cousine.
Écrivez-moi toujours à la même adresse avec la mention « faire suivre en cas de départ ». Camille Zaleski.